Ma voie de père et désir d'enseigner

Publié le 1 Août 2014

Ma voie de père et désir d'enseigner

Tamura Nobuyoshi (田村 信義)dit dans son livre "Aïkido, étiquette et transmission" que la relation traditionnelle du maître au disciple est identique à la relation des parents à leurs enfants, cette phrase m'a marqué car elle symbolise deux étapes clé dans ma vie, autant d'un point de vue privé et d'un autre plus martial. La première est ma toute récente paternité et la deuxième qui elle est plus éloignée dans le temps, mon désir de vivre l'expérience de transmettre à d'éventuels élèves en tant qu'enseignant d'art martial.

Il y a peu de temps rien que l'idée de devenir enseignant n'était que pure utopie, mais lorsque j'ai appris que j'allais devenir père une envie a germé en moi. Etre père tout comme être enseignant demande à être un modèle, un guide sur lequel on peut se reposer mais qui aide à se trouver par soi-même. Comme j'aime à dire l'humain est fait pour transmettre sinon pourquoi d'autre ? C'est de transmettre et apprendre qui nous fait évoluer et fait évoluer le monde dans lequel nous vivons.

Evolution ou Révolution ?

Evolution ou Révolution ?

Etre pratiquant m'a longtemps suffit mais au fil du temps je ressentais un manque que je n'arrivais pas à comprendre et donc à remplir, c'est en m'impliquant dans la formation d'autres pratiquants, en essayant de transmettre ce que je savais que j'ai eu le sentiment de réellement pratiquer, non pas que je me soissenti supérieur à eux de part mon petit vécu, mais par le fait de les voir progresser avec et sans moi. Pour moi être un bon enseignant c'est avant tout accompagner l'autre, c'est une pédagogie de la voie et non celle du modèle, il s'agit d'inventer son propre cheminement, c'est la voie de l'accomplissement de soi, un enseignant ne prend jamais le pouvoir, il ne se substitue pas, il ne se déresponsabilise pas.

Accompagner se fait dans la durée, l'accompagnement est un art et pas une science exacte ou une technique. On l'apprend par la pratique, par ajustements successifs.

Traditions Martiales par Ellis Amdur un Voyage en Koryu

Traditions Martiales par Ellis Amdur un Voyage en Koryu

Ma voie de père et désir d'enseigner

Koryu 古流 franchir la porte

On peut comparer l'entrée dans un Koryu à une invitation à pousser la porte d'une maison, on ne peut toute fois pas dire que l'on soit tout à fait au cœur de la maison, le maître de cette dernière vous invite à visiter pièce par pièce afin que vous vous sentiez en confiance, mais cette maison ne nous appartient pas il est donc normal de respecter les règles et coutumes instaurées par son propriétaire et ses ancêtres si l'on veut y être à nouveau invité. Une chose qui me fait dire cela est que le terme japonais que l'on utilise pour parler du futur élève Nyumon veut dire "franchir la porte" alors que celui pour l'élève Monjin veut dire "la personne de la porte". D'un certain point de vue on peut dire que le Koryu fonctionne sur un modèle familial, le Soke (宗家) terme japonais signifiant « chef de famille (maison) symbolise l'image du père transmettant le savoir de ses ancêtres à ses élèves (enfants).

Kuroda Tetsuzan 黒田鉄山 et le Shinbukan 振武舘 le poids de l'héritage

Kuroda Tetsuzan est un des maîtres d’arts martiaux les plus connus du Japon. En 1970 il devient à vingt ans le plus jeune pratiquant de l’histoire à recevoir le titre de Hanshi Hachidan (8ème dan) de Kobudo du Daï Nippon Butokukaï. J'aimerais apporter un regard différent sur l'enseignement de Kuroda Sensei, en plus d'être un génie du sabre il est un fin pédagogue car il a réussit à adapter l'héritage familial qu'est le cursus du Shinbukan Kuroda Dojo (le premier dojo fut fondé par Kuroda Yaheï Masayoshi en 1848 et portait le nom de Kuroda Dojo) en fonction des nombreux élèves dans le monde (Usa, Europe) il a créait Les Shinbukan Keïkokaï, des groupes d'études rassemblant les élèves du Shinbukan ou l'on étudie les principes de l'école par le biais des asobi geiko exercices éducatifs visant à acquérir et à développer les principes essentiels inclus dans les divers kata.

Stanley Pranin en parlant de Kuroda Sensei, exprime parfaitement le rôle que doit avoir un maître pour ses élèves.

"Tout dans son art vous encourage à fixer vos objectifs à un niveau nettement supérieur. Les anciennes limites deviennent la base à partir de laquelle se hisser à de nouvelles hauteurs !"

Stanley Pranin

Kuroda sensei du Shinbukan Kuroda Ryugi (photo réalisée par Frédérick Carnet dans le cadre du livre Budoka no Kokoro) http://www.frederickcarnet.com/

Kuroda sensei du Shinbukan Kuroda Ryugi (photo réalisée par Frédérick Carnet dans le cadre du livre Budoka no Kokoro) http://www.frederickcarnet.com/

Nyumon, film d’Erick Moisy retraçant la relation entre son maître de Kyudo 弓道(tir à l’arc traditionnel japonais) et lui même, son disciple.
"Ma voie de père " manga autobiographique d'Hiroshi Hirata

"Ma voie de père " manga autobiographique d'Hiroshi Hirata

Rédigé par Mathias Capron

Publié dans #Kuroda, #Réflexions, #Koryu, #Kokoro

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F
La moindre des choses quand on illustre un article avec des photos, c'est d'indiquer le nom du photographe avec un copyright et un lien vers le site du dit photographe. Merci de le faire avec ma photo de Kuroda Tetsuzan.
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D
Ouahhhhhh !!!!!
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