Ukemi 受け身, faire chuter les craintes

La chute dans notre vision des choses voir dans notre inconscient (et dans le mien il y peu encore ^^) est souvent synonyme de soumission voir même d'échec, hors dans ma récente vision des Arts Martiaux et plus particulièrement dans celle de l'Aïkido, la chute n'est pas subit mais est un choix d'Uke 受け, elle n'est pas une finalité, elle est une porte vers Autre chose.

Fushimi Inari taisha 伏見稲荷大社 Kyoto

Une analyse Martiale et Grammaticale de l'Ukemi par Olivier Gaurin

Voici la définition que donne Wikipédia de l'ukemi:

Un ukemi (littéralement « recevoir avec le corps » Uke 受け du verbe Ukeru 受ける : recevoir, accepter et Mi 身 la chair, le corps, la personne) est un brise-chute contrôlé, vers l'avant (mae ukemi 前受け身 ), l'arrière (ushiro ukemi 後ろ受身 ) ou le côté (yoko ukemi 横受け身), qui sert à tomber sans se faire mal. Ces techniques sont utilisées par tous les arts martiaux japonais, principalement par le Judo et l'Aïkido. Elles permettent de prendre confiance en son équilibre et en sa propre capacité à contenir le déplacement (shintaï) de son corps.

Cela me semble être une version édulcorée de ce que peut être Ukemi, recevoir avec le corps n'est pas subir avec ce dernier, cela nous permet de choisir de l'utiliser afin de le préserver.

J'emploierais le terme de chute "décidée" qui peut fait écho à notre instinct de survie via le cerveau reptilien. Qui resterait au sol docilement alors qu'un assaillant le menace de la main, d'un sabre, d'une lance ou de toutes autres armes, cela s'apparenterait à du suicide purement et simplement.

La chute n'est pas un échec.
L'échec c'est de rester
là où on est tombé.

Socrate

Test pour l'obtention du 5e Dan au Bujinkan Ninjutsu de Masaaki Hatsumi Sensei

La toile regorge de vidéos" expliquant" la façon de faire les différents Ukemi, mais jusqu'à présent je ne suis jamais tombé sur un article traitant de l'appréhension de chuter. Cette appréhension est il est vrai toute personnelle à chacun, je trouvais intéressant de faire partager ma réflexion, car je dois bien l'admettre je commence à peine à apprécier l'ukemi du fait de cette appréhension. J'ai compris la "technique" mais le plus gros soucis a été de passer au dessus de cette crainte qui je savais été un frein dans ma pratique. Selon moi chacun a son propre ukemi le tout est de le trouver et de l'apprivoiser.

Un artiste n'est pas un ouvrier du divertissement qui compte ses heures, il se consume au feu de sa passion. Bartabas

“Pour parler à un cheval, il n’y a pas besoin de mots. C’est une étreinte charnelle qui alimente nos rêves.” Bartabas

Dans mon travail, j'accompagne des personnes qui ont cette peur de chuter, il est vrai qu'à partir d'un certain âge une chute peut avoir de lourdes conséquences, fractures diverses pouvant aller jusqu'à une incapacité totale de marcher. Comme je leur ai dis, je n'ai pas de solution miracle pour éviter qu'elles chutent, mais par contre je peux les aider à préserver l'intégrité de leurs corps si cela arrivait.

Nous travaillons dans un premier temps au sol afin qu'elles se sentent rassurer car le contact avec le sol a un côté apaisant, contenant, chose qui aide les personnes qui m'accompagnent dans l'aventure dans l'atelier que j'ai mis en place, qui est un mélange de mes connaissances en Sagesse du Corps et en Kishinkaï Aïkido. Nous travaillons l'équilibre au sol, oui oui j'ai bien dis équilibre au sol :) j'y reviendrais dans un prochain article.

savoir chuter c'est se préserver avant tout.

Et Ukemi dans tout ça ?

Il n'y a qu'une manière pour apprendre à chuter, laquelle ? CHUTER, CHUTER, CHUTER et ah oui j'allais oublier CHUTER !!!

Même si mon Ukemi ne me convient pas encore j'ai je pense réussi à cibler mes manques et les pistes vers lesquelles je dois axé ma recherche.

En voici quelques points:

Le relâchement pendant la chute est primordial car si l'ukemi génère une crispation de l'esprit et du corps, les blessures ne se feront pas attendre.

Abaisser le plus possible la rotation afin de prendre contact avec le sol le plus rapidement possible.

Suivre Tori dans son mouvement permet une chute sans opposition et donc harmonieuse.

La respiration aussi est importante, j'avais tendance à partir en apnée au moment de faire ukemi, alors qu'en expirant pendant ukemi et inspirant pendant la remontée j'ai trouvé là le moyen d'être relâché (pas encore à chaque chutes ^^ ) et donc d'apprécier réellement de faire ukemi.

Un travail avec partenaire sous la "menace" d'un tanto par exemple permet de ne pas penser l'ukemi, le corps réagit de lui même, il évite cette attaque afin de se préserver, l'instinct de survie prend le dessus sur la réflexion car s'il y a réflexion il est déjà trop tard. Un grand merci à Rémi Samouillé pour son enseignement au sein du Kishinkaï Aïkido Saint Etienne, c'est ce travail toute en dentelle qui me pousse à être un meilleur Uke à chaque keiko.

Je terminerais en citant Guillaume Erard qui donne selon moi la meilleure définition de la relation Tori/Uke

Si on veut recevoir(受ける; Ukeru) obtenir quoi que ce soit, il faut donner (上げる; Ageru) plus que quelques euros ou quelques heures sur le tapis, il faut donner de soi-même, des chutes bien sûr, mais aussi du cœur. C'est cela la relation entre Tori/Uke.

Si on veut recevoir(受ける; Ukeru) obtenir quoi que ce soit, il faut donner (上げる; Ageru) plus que quelques euros ou quelques heures sur le tapis, il faut donner de soi-même, des chutes bien sûr, mais aussi du cœur. C'est cela la relation entre Tori/Uke.

Guillaume Erard

Je ne résiste pas à l'envie de mettre ces vidéos de Kuroda Senseï démontrant une forme d'ukemi que certains connaissent déjà.

Allez je vous laisse j'ai des Ukemi qui m'attendent ;)