PORTRAIT KONO YOSHINORI

Publié le 10 Décembre 2013

Pour certains le nom de Kono Yoshinori ne dira peut être pas grand-chose, il fait pourtant parti des Maître contemporains du monde du BUDO, il y fait même office de référence.

Lorsqu’on le voit pour la première fois, une impression de saut dans le passé vous submerge, car Kono sensei est en permanence en tenue traditionnelle. Encore un original aux yeux de certains ? Pas du tout, plutôt un travail de recherche de travail corporelle poussé à son paroxysme.

Kono sensei est un chercheur dans le monde des Bujutsu (Bu : guerre, Jutsu : techniques), il a comme objectif de redécouvrir les secrets des adeptes du passé et le gros de cette recherche est basée sur une utilisation différente du corps.

Kono sensei commença la pratique non pas comme beaucoup d’experts dès l’enfance mais comme il le dit lui-même à la 21e de l’ère Showa, il été alors âgé de vingt deux ans. C’est son besoin de comprendre la nature de l’être humain qui l’a poussé non pas vers la religion ou la philosophie par l’expérimentation par le corps et son ressenti. De son propre aveu Kono sensei n’a jamais été un grand adepte du sport, mais l’univers des Bujutsu et Budo lui convenait beaucoup plus.

Il débute au Hombu Dojo de l’Aikikai et se rapproche rapidement de Yamaguchi sensei, il devient même son principal Uke vers 1975. Il étudie le Kashima shin ryu puis d’autres écoles anciennes tel que le Neigishi ryu école de shuriken jutsu (littéralement « techniques de la lame cachée dans la main » Shuriken : lame derrière la main, Jutsu : techniques). La pratique du shuriken a énormément apporté à Kono sensei dans son travail au sabre (la lame si on y prête attention suit la même trajectoire d’une coupe au sabre).

C’est avec une profonde tristesse qu’il démontre que pendant l’ère Meiji, les japonais ont progressivement changé leur façon de bouger et cela en quelques décennies. En étudiant les peintures d’époques, les e densho (densho (伝承) signifie «transmettre aux générations futures.") ainsi que les premières photos du Japon, Kono sensei a découvert la façon traditionnelle de marcher qui contrairement à la manière occidentale (en avançant le bras et la jambe opposée) se caractérisait par le fait de garder les bras le long du corps sans vriller la colonne vertébrale, cette marche se nommait Namba Aruki.

Je pourrais vous parler de Kono sensei pendant des heures, mais j’aimerais insister sur le fait de l’importance d’aller à la rencontre de maîtres tel que lui, pour nous ouvrir à une toute autre pratique. J’ai eu la chance de participer à un de ses stages « Master Class » organisé par Léo TAMAKI, cela a été un bouleversement autant physique que psychologique, j’ai depuis remis en question tout mon parcours et ciblé de nouveaux objectifs dans la Voie que j’ai décidé de prendre.

Mais certains me diront, mais quel est le rapport avec l'iaido, pour moi nous utilisons par moment notre corps de façon trop confortable ou trop habituelle, cela a pour conséquence une pratique de confort, il faut s’efforcer d’utiliser son corps d’une façon plus martiale pour être en accord avec les principes et aspects de la pratique du iai.

Nous utilisons notre corps ou plutôt qu’une partie de notre corps dans la pratique d’une manière occidentale alors que dans les Nihon Bujutsus* les principes fondamentaux sont par exemple de ne pas pousser dans le sol et de ne pas vriller son corps. J’ai vu Kono sensei démontrer le principe d’utilisation du corps dans son ensemble dans un mouvement d’iaijutsu afin de nous montrer ce que pouvait apporter cette manière de bouger dans un travail de Nukitsuke . J'ai depuis cet instant décidé de remettre toute ma pratique du sabre en question, j'ai compris par mon corps la différence, rien ne sert de trop réfléchir ou intellectualisé tout cela, il faut juste le ressentir dans son être à mon avis.

J'ai aussi commencé la pratique du Shuriken jutsu et là encore j'ai compris par l'expérience concrète du ressenti corporel, les enseignements de Kono sensei ont cela de fascinants car ils encouragent tout un chacun à faire ses propres recherches. J'ai donc réalisé moi aussi que le lancer de shuriken se rapprochait de la trajectoire qu'une lame prend lors d'une coupe. Ma recherche va plus loin que ne vouloir rien de plus que de planter à tous prix, mais plus réaliser que la force n'est pas primordiale dans cet exercice, mais plutôt une recherche de relâchement total du corps et aussi de l'esprit.

La somme de travail est énorme, mais l'envie est toujours là ;)

Photo de Patrice Demory

Photo de Patrice Demory

Rédigé par Mathias Capron

Publié dans #Portraits

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article